Cette page va continuer d'évoluer, notamment avec la publication d'autres documents. Merci d'y revenir un peu plus tard !
Le télégramme recrutant Philippe Gaussot pour Compagnons vient d'un membre du Comité directeur des Compagnons de France, André Cruiziat. Chef aux Scouts de France, celui-ci a fréquenté la Troupe Montalembert à Paris, quelques années avant Philippe. Il est à l'origine de la fondation des Compagnons en juillet 1940, avec un ancien dirigeant des Scouts de France, Henry Dhavernas. L'association des Compagnons de France est un mouvement d'éducation et de culture
, s'adressant aux jeunes de 14 à 19 ans; son objectif est de les sortir d'un désœuvrement néfaste, de leur offrir une formation personnelle tout en les employant au redressement, moral et matériel, de la France vaincue. Le mouvement bénéficie alors du soutien du Vichy. La revue est sous-titrée L'hebdomadaire courageux d'une époque difficile.
L'équipe de Compagnons, composée également de Géo Veran, Jean Masse et Jean-Gabriel Séruzier, s'installe à Lyon. Elle y retrouve des journalistes de la presse parisienne repliée, dont Roger Massif, sa femme Renée, son frère Yves, Louis-Gabriel Robinet, Pierre Corval, Pascal Copeau et d'autres.
Philippe Gaussot occupe alors son premier poste de journaliste professionnel comme rédacteur en chef ! Il occupera ce poste du 1er octobre 1940 au 10 octobre 1941, comme l'atteste ce document signé par André Cruiziat en 1956.
Nous avons fait notre travail consciencieusement, aussi longtemps que nous avons pu
, écrit Philippe. Cependant, ses amis et lui supportent de moins en moins l'ambivalence de certains membres du mouvement Compagnons vis-à-vis de Pétain, et la direction suivie par Vichy.
L'orientation politique prise ne nous plaisant pas, nous avons tous quitté Compagnons pour lancer avec Dunoyer de Segonzac un autre hebdo, Marche
(a priori, le reporter-photographe Jean-Gabriel Séruzier quittera lui-aussi Compagnons pour fonder Marche). Par la suite, plusieurs articles et photos de Philippe Gaussot concernant principalement le ski et la montagne continueront d'être publiés dans Compagnons, dirigé par une autre équipe.
On trouvera notamment :
ravitaillait les chars lourds en essence et en munitions
ont élu les Royautés de 1942
voleur d'images: trois photos des champions de ski Emile Allais et Georgette Thiolière (plus une grande illustrant la première page), durant un stage de culture physique préparatoire au ski, à Grenoble
Premier de Cordée: un reportage et treize photos (plus une grande illustrant la première page) sur le tournage du film de Louis Daquin au Brévent, auquel participent Roger Frison-Roche, Georges Tairraz et Henri Thiolière
plus aguerri de ces jeuneset de manière un peu rapide de
parisien)
Marche est en réalité un organe de résistance camouflé. Son instigateur Pierre Dunoyer de Segonzac milite pour la Résistance à Saint-Martin d'Uriage, où il dirige l'Ecole des Cadres, fournisseur de responsables pour les Chantiers de Jeunesse, Jeunesse et Montagne, et surtout le maquis. Philippe Gaussot est rédacteur en chef de Marche du 11 octobre 1941 au 7 juillet 1942.
Nous avons réussi à tenir, sans faillir, pendant sept mois, malgré les innombrables rappels à l'ordre de Vichy, et plus particulièrement de M. Bonnefoy (sic), secrétaire général de l'Information. Mais ça ne pouvait durer et en juillet 1942 nous nous sommes sabordés, en publiant froidement un reportage de Jean-Jacques (du Figaro) sur les camps de prisonniers, le marché des esclaves et un gauleiter qui avait une ressemblance frappante avec Pierre Laval. Le jour même de la parution, Marche a été suspendu sine die par Laval, pour mauvais esprit, et j'ai reçu l'ordre de me présenter à Vichy.
Au lieu d'obtempérer, comme on le verra plus loin, Philippe Gaussot va entrer dans un réseau de résistance !
Le numéro 1 de Marche paraît le 1er janvier 1942. L'hebdomadaire est alors sous-titré Le magazine français de la zone non occupée. C'est le numéro 28, daté du 7 juillet 1942, qui attire les foudres de Vichy. Après suspension, Marche réapparaît le 19 septembre 1942, avec le numéro 29 et un nouveau sous-titre, Magazine Jeune Français. Son gérant est alors Pierre-Olivier (de) Marichard, aussi nommé Pierre Ollier de Marichard (POM), lui aussi dirigeant de l'école d'Uriage et ancien du cabinet de Léo Lagrange. La rédaction et l'administration de Marche sont domiciliées 8 rue d'Auvergne, Lyon IIe.
Il semble que Marche s'achève le 10 octobre 1942, avec le numéro 32.
Comme ce fut le cas pour Compagnons, Philippe continue d'alimenter Marche en articles et photos, après son départ. On trouvera notamment :
Coin-coinCohendoz (un des premiers moniteurs de l'ESF de Val d'Isère), Michaud, Laurent Creton, et un futur
grandde la montagne. Extrait :
Passons maintenant à la pratique. Rébuffat, allez me placer ce rappel de corde ! Rébuffat, c'est un grand gars, long et souple, qui a gardé les yeux et l'expression d'un gosse de quinze ans.L'article s'achève ainsi :
Il fait bon, tous sont heureux. Ce sont des hommes de la montagne.Il est illustré d'une photo d'Armand Charlet
montrant le chemin(signée Ph. Gaussot) et d'une photo de groupe au sommet (non signée).
marché le tonnerre, Philippe raconte comment le champion du monde de descente, après s'être porté volontaire à Jeunesse et Montagne pour son stage de service obligatoire, a sollicité son brevet de guide. Ce fut une joie pour tous les montagnards, à commencer par Armand Charlet :
Il a prouvé qu'il était un vrai montagnard de vieille souche. Aux Bossons, ils sont tous comme ça. D'autres jeunes skieurs ont suivi l'exemple de James : Henri Thiolière et Forini sont porteurs également et c'est bien.Cet été 1942, James Couttet réalise sa première ascension des Drus avec Alfred Couttet (
il a 54 ans mais a gardé la forme), puis effectue
une bonne quarantaine de courses de classe.
Premier de cordéemais Frison-Roche cherche un jeune premier viril et bronzé raconte les premiers repérages pour le futur film, menés par Frison et Georges Tairraz.
Souhaitons bonne chance à cette sympathique équipe qui se propose d'apporter un peu de grandeur et beaucoup de pureté dans notre production cinématographique.L'article est illustré par deux photos, une des aiguilletes d'Argentière et une prise au sommet du Dru, la seconde étant créditée Jeunesse et Montagne.
Jeunesse et Montagne continue, dans les divers massifs, à révéler de beaux types de grimpeurs et de jeunes guides.
Jeunesse et Montagne a construit le refuge Temple Ecrins, avec quatre photos créditées Marche.
Les nombreuses photos prises par Philippe Gaussot pour les revues Compagnons et Marche sont ou seront prochainement intégrées dans notre galerie.