L'acte d'engagement de Philippe Gaussot aux Forces Françaises Libres porte le numéro 1465, et est signé par le Capitaine R. Landrieux à Londres, le 1er novembre 1942. Philippe Gaussot y est désigné sous le nom de Panthère Cécil Joseph.
Créé le 1er avril 1942, le réseau de renseignements Phratrie dépend du BCRA (Bureau Central de Renseignements et d'Actions, les services secrets gaullistes). Dirigé par Jacques Robert, il possédera jusqu'à huit sous-réseaux, parmi lesquels Corvette et Côtre, qui deviendront indépendants en 1943. Phratrie cessera ses activités le 30 septembre 1944.
Le chef du réseau Corvette est le Capitaine François Barral, de son vrai nom Adrien Albarranc (*1913 †1960). Philippe entre dans le service de renseignements sous le nom de Guy Latour.
J'habitais chez deux vieilles dames, deux sœurs qui me chouchoutaient mais ignoraient tout de mes activités. Ma couverture était excellente : j'étais pour de vrai le secrétaire général d'une coopérative de fabricants de produits en ciment vibré, dont l'activité devint une réalité. Nos membres, tous dans les travaux publics ou annexes, se trouvaient répartis sur toute la zone d'action que nous avions sous notre contrôle, soit entre Port-Bou et Vintimille. Ils nous renseignaient parfaitement sur l'état des fortifications allemandes le long de la côte et les mouvements de troupes, ce qui nous était précisément demandé. Ma mission était d'assurer la liaison entre eux et avec la Centrale. Comme nous échangions un vrai courrier professionnel et avions de vrais contacts d'affaires (même sur des chantiers et des aérodromes allemands!), c'était pratique. J'ai beaucoup navigué pendant cette période, entre Port-Bou et Vintimille.
Comme il a beaucoup de relations à Barcelone et à Perpignan, Philippe est chargé de missions en Espagne. Il tire de cette période assez rocambolesque et exhaltante
son premier livre (si l'on exclut les publications de la JEC), Melpomène se parfume au Camphre. Cet ouvrage est vendu au profit des veuves et orphelins du réseau.
Grillé à Perpignan, au cours d'une mission qui devait se terminer tragiquement suite à la trahison d'un passeur, Philippe met cinq jours pour regagner Marseille, et est affecté à Lyon au réseau Côtre.
Dans Côtre, Philippe est chargé du contrôle de la navigation fluviale. Son premier chef de réseau, marseillais, est le Lieutenant-Colonel Robert Mistral, de son vrai nom Robert Senouillet. En octobre 2009, son fils Yves Senouillet aura la gentillesse de me faire parvenir la liste des vrais pseudonymes et des vrais noms de tous les personnages apparaissant dans Melpomène. Mon père écrit dans sa notice biographique : le chef du réseau de Lyon se nomme Albaran (Calendeau)
. Sans doute fait-il là une confusion avec Albarranc, le chef de Corvette. Peut-être le Calendeau entre parenthèses désigne-t-il le véritable chef lyonnais.
J'allais plusieurs fois par semaine me confesser dans une église située derrière Perrache, car le vicaire, aumônier des mariniers, était notre principal informateur. Il m'a fallu faire de très fréquentes et fatigantes liaisons avec Marseille, si bien que je me suis crevé.
Philippe devra donc regagner Chamonix pour se reposer.