Philippe Gaussot et l'aide aux réfugiés espagnols

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Des réfugiés espagnols en 1939

Le Comité National Catholique d'accueil aux Basques est fondé à Bordeaux vers le milieu de l'année 1937, sous le patronage de l'évêque de Dax, Monseigneur Mathieu, et des archevêques de Bordeaux et de Paris. Il s'occupe tout d'abord des enfants basques, puis catalans, et enfin de tous les réfugiés. II est alors renommé Comité National Catholique d'accueil aux réfugiés d'Espagne ou Centre National Catholique de Secours à l'Espagne (basé 15 rue du Bastion Saint-François à Perpignan, téléphone 16.20).

Délégué de ce Centre à Perpignan, Philippe Gaussot a pour l'aider une douzaine de Catalans et de Basques. Ils passent souvent la frontière pour ravitailler les réfugiés républicains, en lait, riz, couvertures, etc. Ceci jusqu'à l'arrivée à la frontière des troupes franquistes et la terrible Retirada (retraite ou exode), en février 1939.

Philippe regagne alors la France en même temps que la division Modesto (une des armées républicaines, avec celle de Lister) par le Perthus, en poussant une motosacoche de 500 cm3, tombée en panne à la Junquera. Notre dernier voyage de ravitaillement s'est fait à Puigcerda, où j'ai conduit le camion de sept tonnes sous la surveillance de deux miliciens [républicains], à travers les rues minées.

Par la suite, Philippe et le Comité ravitaillent différents camps de réfugiés installés en France à partir de février 1939, et nommés alors camps d'internement voire camps de concentration : Argelès, Le Barcarès, Saint-Cyprien, Le Vernet d'Ariège et Gurs. Ils s'occupent aussi de centres de regroupements familiaux à Cadaujac et près de Dax.

Cette guerre d'Espagne, servant en quelque sorte de répétition à Hitler, soutien des nationalistes, est vue par beaucoup comme un prélude à la seconde guerre mondiale. Celle-ci éclate en septembre 1939.

Capitaine d'artillerie de réserve mais non mobilisable du fait de ses problèmes de santé, Philippe Gaussot prend la direction du Comité. Selon son ami catalan Maurici Serrahima, il a pour mission, de concert avec notamment Josep Maria Trias-Peix, l'adaptation des réfugiés aux travaux des industries de guerre dans des ateliers d'apprentissage; on trouvait parmi eux des avocats, des commerçants ou des journalistes qui devenaient de bons ouvriers tourneurs ou ajusteurs !

Nous avons alors travaillé en liaison avec le Ministère de l'Armement et celui de l'Agriculture. Nous avons réussi à les convaincre qu'il était stupide de laisser dans l'oisiveté, dans les camps, des métallurgiques basques et des métayers excellents, alors qu'il y avait du travail pour eux en France. Avec un atelier mobile et une ferme modèle (une simple vache...), nous avons sélectionné, sorti des camps et placés en France, 14000 métallos et tout autant d'agriculateurs, qui ont fait un énorme travail. Beaucoup, par la suite, se sont battus avec les Français dans des Compagnies de Travailleurs Etrangers.

J'ai eu pendant près de deux ans une vie passionnante parce qu'utile. Je passais beaucoup de temps sur les routes entre Perpignan, Paris, Bordeaux, Gurs, le Vernet, Toulouse, pour m'occuper des camps et faire des démarches auprès des administrations (placements, demandes de permis de séjour, demandes de visas pour l'étranger, etc.).


Selon Maurici Serrahima, Philippe Gaussot s'est investi à fond dans l'aide aux réfugiés. Il était mince, fin, intelligent et extrêmement sensible. Pour moi -et pour tous les nôtres- c'était un excellent compagnon. En notre compagnie, il finit par très bien connaître les problèmes de notre terre. Plus tard il intégra aussi la Résistance. [...] Qu'il repose en paix. Je ne l'oublierai pas facilement.

Les moyens d'action en faveur des réfugiés furent ensuite confiés aux Quakers (American Friends Service Committee). L'Amérique n'étant pas [encore] en guerre, ils ont pu poursuivre une action qui nous était devenue impossible.

Tout au long de cette période, Philippe Gaussot prend plus d'une centaine de photos, notamment des camps de réfugiés et de l'exode. Ces photos, pour la plupart issues de négatifs noir et blanc au format 6 x 4,5 (60 mm par 45 mm) sont ou seront prochainement intégrées dans notre galerie. Elles feront en 2019 l'objet d'expositions, dans le cadre du 80ème anniversaire de la Retirada.

Référence


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